Le cheval Criollo, monture exclusive des gauchos
Impossible de voyager à travers l’Argentine sans admirer le cheval criollo. Aujourd’hui encore, il est le compagnon indissociable des gauchos.
Le Criollo est de loin le cheval le plus répandu en Amérique du sud. Il descend des premiers chevaux importés par les colons espagnols au XVIe siècle et qui étaient principalement de races Barbe, Andalou et Sorraia. Le mot criollo signifie créole en espagnol et désigne, en Argentine comme dans le reste du continent, ce qui est d’origine ibérique.
Pedro de Mendoza, lors de la fondation de la ville de Buenos Aires en 1536, introduit les premiers chevaux dans la Pampa mais sous la pression des indigènes, il doit abandonner les lieux peu de temps après. Livrés à eux-mêmes pendant 4 siècles, les chevaux repassent à l’état sauvage et s’adaptent de manière prodigieuse à leur nouvel environnement. Par le jeu de la sélection naturelle, ils deviennent plus râblés et résistants. Peu à peu les indiens et les gauchos les adoptent pour leurs déplacements, la chasse ou le travail avec le bétail.
Le Criollo Argentin est le plus connu mais il existe des variantes à travers toute l’Amérique du sud, comme le Crioulo au Brésil, ou le Costeno et le Morochuco au Pérou. Il reste cependant relativement méconnu dans le reste du monde, même si on commence à en voir dans certains centres équestres européens. Il faut dire que ses qualités sont nombreuses: calme, robuste, énergique et agile, il est aussi très réputé pour son endurance et sa longévité.
Peut-être connaissez-vous l’histoire de Mancha et Gato, ces deux chevaux criollos qui permirent à Aimé Félix Tschiffely, un cavalier suisse, de parcourir en 1925 la distance Buenos Aires-New York (plus de 15.000 km !) en seulement 2 ans et demi? Aimé avait comme objectif de démontrer la supériorité des chevaux criollos argentins, et ce fut pari gagné! Rapatriés dans leur Estancia d’origine à la suite de cette aventure, Mancha et Gato décédèrent bien des années plus tard aux âges respectifs de 36 et 40 ans.
En revanche, plusieurs menaces ont bien failli provoquer l’extinction de cette race. A l’aube du XXème siècle, de nouvelles races de chevaux sont introduites dans le pays (pur-sang, percherons, chevaux britanniques…). Le Criollo est alors croisé avec ces nouvelles variétés afin d’obtenir un cheval plus grand et solide. La race est finalement conservée grâce à l’association de plusieurs éleveurs luttant pour sa préservation, et la création en 1918 du Stud-book, un livre définissant les différents pedigree de chevaux dans le monde.
A noter que le croisement du Criollo et du Pur-sang anglais a permis de produire les fameux poneys de polo argentins. Le Silla Argentino (ou Anglo Argentino), lui, est issu du croisement entre le Criollo argentin et des chevaux de sang, dont des Pur-sangs.
En 1928, la ACCC (Asociación de Criadores de Caballos Criollos) décrit le cheval criollo de la façon suivante : « Son type est celui d’un cheval de selle, équilibré et harmonieux, bien musclé et de forte constitution, avec son centre de gravité bas. De bon pied et d’allures déliées, agile et rapide dans ses mouvements. De caractère actif, énergique et docile, le cheval criollo se caractérise par sa rusticité, longévité, fertilité, résistance, vaillance, pouvoir de récupération et aptitudes au travail du bétail ».
Sa taille idéale, selon l’ACCC est de 1,44 mètres, mais elle peut fluctuer entre 1,38 et 1,5. Les Criollos ont très souvent des zébrures sur les jambes et une raie de mulet propre aux races très anciennes. Niveau robes, elles sont presque toutes admises!
Voici un tableau montrant la grande diversité des robes criollas :