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Gauchito Gil, le Saint des pauvres

Le Gauchito Gil est un personnage emblématique, populaire et légendaire, profondément cristallisé dans l’identité argentine.

Il fait l’objet de cultes et de dévotion sur tout le territoire, notamment à travers des sanctuaires installés en bordure des routes du pays et facilement identifiable à la couleur rouge prédominante.

Le Gauchito Gil


Affiche du film Gracias Gauchito, de Cristian Jure.

Selon la légende, le Gauchito Gil s’appelait Antonio Mamerto Gil Núñez, un gaucho originaire de la ville de Pay Ubre, dans la province de Corrientes au nord de l’Argentine. Différentes histoires circulent le concernant mais aucune n’est totalement admise. La plus commune raconte qu’au milieu du XIXème siècle, Gil, travaillant alors dans le campo, entreprend une relation amoureuse avec Estrella Díaz de Miraflores, une veuve fortunée de sa  ville natale. Les frères de la jeune femme ainsi que le chef de la police locale, éperdument amoureux d’Estrella, n’apprécient guère cette liaison avec un paysan. Chassé et haï, Gil n’a d’autres choix que de fuir et s’engage en tant que soldat dans la Guerre de la Triple Alliance (1864-1870) opposant l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay face au Paraguay. A son retour, il est appelé à combattre aux côtés du Parti Autonomiste de Corrientes dans la guerre civile contre le Parti Libéral d’opposition. Mais le Gauchito Gil est catégorique : il ne se battra pas dans cette guerre. Persécuté par les militaires, il est finalement capturé en janvier 1878.

Sa mort : le début d’une icône nationale


Considéré comme déserteur, le Gauchito Gil est pendu par le pied à un caroubier situé à 8 km de son village natal et sa gorge est tranchée. Avant son exécution, Gil aurait annoncé à son bourreau que le fils de ce dernier était gravement malade et qu’il devrait prier au nom de Gil pour implorer sa guérison. Le bourreau suivit les instructions de Gil et son fils se sauva de la maladie. Le bourreau serait alors retourné sur les lieux de l’exécution pour donner au corps de Gil un enterrement approprié.

La nouvelle du miracle se répand rapidement à travers les villages et les provinces du pays: le mythe du Gauchito Gil était né!

Un sanctuaire très populaire


Un sanctuaire a été construit près de sa tombe et il accueille quotidiennement, encore de nos jours, des dizaines de pèlerins venus prier le Gauchito Gil pour lui demander prospérité, travail, amour ou réussite.

Tous les 8 janvier (la date admise du décès est le 8 janvier 1878), ce sont par milliers que les visiteurs viennent se recueillir auprès du Gauchito Gil. Des offrandes sont déposées au pied des statues, des tee shirts, tatouages et drapeaux sont vendus à son effigie, des centaines de bougies éclairent la tombe… Il existe même un site internet, sur lequel il est possible de formuler ses prières par email, qui plus tard seront imprimées et déposées au pied de la tombe. Bien qu’au départ opposée à cette idée, l’Eglise catholique argentine finit par accepter la figure légendaire du gaucho, et il est aujourd’hui inscrit au rang des Saints. Messes et cultes sont régulièrement organisés en son honneur dans différents pays d’Amérique du sud.

Si vous vous êtes déjà rendu en Argentine, peut-être avez-vous remarqué ces petits autels rouges qui bordent les routes à la sortie des villages, dans tout le pays. Ce sont en fait des sanctuaires construits en l’honneur du Gauchito Gil. Entourés de drapeaux, rubans et voiles rouges, ils sont faciles à repérer. A l’intérieur se trouve généralement une statue du gaucho, ou bien des images le représentant. Les voyageurs s’y arrêtent pour offrir vin, cigarettes, fleurs ou quelconque objet permettant de saluer la mémoire du héros. Les chauffeurs ont pour habitude de klaxonner deux fois à l’approche d’un de ces sanctuaires, implorant protection pendant leur voyage.

Pourquoi le rouge ?


Là non plus il n’y a pas de certitude. Beaucoup disent qu’il s’agirait de la couleur du Parti Autonomiste, auquel Antonio Mamerto Gil Núñez appartenait, en opposition avec la couleur bleue du Parti Libéral. D’autres préfèrent dire que la couleur rouge rappelle le sang du Saint lors de sa mort.

Certains vous diront également que le Gauchito Gil dirigea pendant longtemps un groupe de voyous qui dérobaient les riches, faisant de lui une sorte de Robin des Bois à l’Argentine.

Ce qui est certain c’est qu’il est aujourd’hui l’une des figures légendaire et populaire les plus emblématiques du pays. Ce mythe, perpétué par la transmission orale, n’a pas fini de générer passion et adoration.


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